Dropped

Dropped : les familles des victimes choquées par l’indécence de TF1

A la veille du grand retour de Koh Lanta, dont la diffusion est prévue ce vendredi 24 Avril et suite aux déclarations du PDG de TF1, Nonce Paolini, qui a récemment affirmé sur BFM Business qu’il y aurait peut-être un Dropped 2, les familles des victimes du crash d’hélicoptère sur le tournage de Dropped manifestent leur colère.

Après la plainte déposée par Hubert Arthaud contre la société de production ALP en charge de l’émission commandée par TF1, la famille du boxeur Alexis Vastine s’est également constituée partie civile. Interviewé dans L’Express, Benjamin Sarfati, leur avocat, fait part du choc de la famille suite aux propos suivants de Nonce Paolini, qui dénient toutes responsabilités dans le déroulement du drame : « Il ne s’agit pas d’un problème de sécurité, mais probablement d’une erreur d’appréciation du pilote. Nous ne sommes en aucun cas responsables de ce drame humain, qui fait partie des accidents de la vie. »

« La famille d’Alexis Vastine a été profondément choquée par cette déclaration. Elle ne comprend pas comment on peut affirmer sérieusement qu’il s’agit d’un accident d’hélicoptère comme il peut s’en produire sur la planète ici ou là, alors même qu’on ne sait pas encore précisément ce qui s’est passé et que les enquêtes débutent à peine. […] Il y a eu dix morts sur Dropped, et on parle déjà de Dropped 2. C’est absolument incompréhensible, tout cela va trop vite. » s’indigne maître Sarfati. Suite à ces propos, Le Point s’interroge de son côté sur la possibilité d’un combat qui ne serait plus uniquement mené contre ALP mais aussi contre TF1. Ce que laissent en effet à penser les dénonciations de l’avocat de la famille Vastine soulignant l’indécence de TF1, qui non seulement s’empresse de diffuser une nouvelle saison de Koh Lanta, mais aussi de redonner toute sa confiance à une société de production sur laquelle pèse pourtant de lourdes charges : « TF1 aurait dû observer une parenthèse, un délai de décence dicté par la pudeur. Car la douleur des familles des victimes est trop vive et la plaie grande ouverte. En reprogrammant Koh-Lanta, on a le sentiment que la chaîne n’agit qu’en fonction d’impératifs économiques liés aux audiences, sans tenir compte des accidents passés, de la mort de Gérald Babin, ni du suicide [du médecin de l’émission]. » En rappelant les drames passés, l’avocat des Vastine inviterait-il à ouvrir les yeux sur ce que les industriels de l’audiovisuel semblent considérer comme un malencontreux acharnement du sort ?

Décidément, la lucrative industrie de la télé-réalité ne cesse de s’ingénier à imposer ses propres intérêts économiques, quitte à narguer la justice ou à défier la pudeurvoire la mort… A croire que faire de la télé dispense de bien des aléas qui pèsent pourtant sur le commun des mortel…

Dropped : « Envoyé Spécial » revient sur le drame

Jeudi 27 Mars 2015, Envoyé Spécial revenait sur le crash d’hélicoptère qui a eu lieu en Argentine lors du tournage de l’émission de la télé-réalité d’aventure : « Dropped ». L’enquête diffusée se questionne sur les raisons qui ont pu pousser les trois icônes sportives françaises, Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine à s’engager dans l’aventure de la télé-réalité. Un reportage poignant et instructif, qui dévoile également quelques images inédites du crash remettant en cause les hypothèses liées aux conditions de l’accident.

Comment en vient-on à participer à une émission de télé-réalité quand on semble posséder la gloire, la notoriété et l’argent ? Ainsi pourrait se résumer l’angle d’approche de ce reportage qui nous apprend que gagner des championnats, qu’ils soient de voile, de natation ou de boxe, est non seulement loin d’être de tout repos mais également loin d’être tout rose. Alexis Vastine comme Camille Muffat cherchaient notamment à se reconvertir, Florence Arthaud, quant à elle, rêvait de financer une course de voile féminine. Après des années de travail acharné, ne laissant que peu de place à autre chose, ces sportifs de haut niveau s’efforçaient d’assurer leur avenir. Un avenir plus précaire que ce que l’image d’une gloire passagère et éphémère peut laisser penser. Outre l’investissement intense que demande la rigueur sportive, ce sont également des défaites qu’il faut essuyer malgré tous les efforts et le courage requis. Des échecs, qui peuvent parfois plonger dans la dépression, confie à propos d’Alexis Vastine son frère. Quant à la jeune Camille Muffat, elle se questionnait sur son avenir après une retraite anticipée à l’âge de 24 ans : « Gagner un championnat ce n’est pas un C.V. », confesse l’une de ses collègue et amie. Ainsi, outre le défi sportif, les trois champions avaient tous de sérieuses raisons matérielles pour ne pas hésiter à accepter les juteux contrats proposés par les recruteurs de l’émission « Dropped ».

En parallèle de cette plongée au cœur de l’intimité des participants, Envoyé Spécial en profite également pour diffuser de nouvelles images du crash filmées sous un autre angle de prise de vue. On découvre alors que cela ne serait pas l’hélicoptère des participants qui aurait dévié de sa trajectoire mais celui des techniciens et caméramen. Ce jour là, un caméraman aurait pris l’habituelle place réservée au copilote. La question d’une directive dangereuse donnée par la production pour les besoins du tournage se pose alors à nouveau. L’enquête se questionne notamment sur la tentative de filmer un plan qui aurait pu vouloir ressembler à l’un de ceux du générique de la version suédoise de l’émission… L’affaire reste donc à suivre…

« Dropped » : au cœur de la polémique

Après le choc provoqué par l’accident d’hélicoptère, qui aura entrainé la mort de dix personnes lors du tournage du jeu d’aventure « Dropped », la polémique autour des dangers intrinsèques à ces émissions de télé-réalité d’aventure bat son plein, notamment depuis les récentes déclarations du frère de Florence Arthaud. Interviewé par BFMTV ce 20 Mars 2015, Hubert Arthaud confie effectivement son « intime conviction » quant aux « conditions de sécurités du tournage ».

« On est dans une chasse à l’image. On a complètement zappé les règles de sécurité […] J’ai l’intime conviction que l’organisation n’a pas fait de briefing comme ça aurait dû l’être dans les règles de l’art, à savoir la priorité c’est la sécurité. Et si le briefing de sécurité avait été fait, l’accident ne se serait pas produit, ça, c’est une évidence. », affirme-t-il. Face à cette dénonciation pointant le fonctionnement et les principes régissant ce type d’émission, c’est-à-dire une course à l’image sensationnelle quitte à défier tous les dangers, voire la mort elle-même, si l’on en croit l’intéressante analyse de la critique des médias Clara Schmelck, Alexis Firmin-Guion se défend, quant à lui, par « la preuve par l’image ». « Une vidéo, transmise à la justice, montre que les hélicoptères décollent avec quarante-sept secondes de décalage. Face à une intime conviction, j’ai une image. Mais je partage avec Hubert Arthaud le souhait que toute la lumière soit faite. », rétorque-t-il.

Étonnante réponse, qui cristallise précisément le cœur même de la polémique secouant l’univers télévisuel. En effet, derrière la colère et la tristesse des familles couve également l’idée d’une mort absurde, celle de « vies sacrifiées […] bêtement pour une chasse à l’image », comme le souligne le frère endeuillé de Florence Arthaud. Ainsi, ce sont précisément ces images d’une réalité dont ce type d’émission entend faire un spectacle, qu’invoque comme preuve pour sa défense Alexis Firmin-Guion. Or, si la réalité devient le spectacle peut-on encore invoquer ces images comme preuve d’un réel neutre et parfaitement lisible sur lequel aucune influence n’aurait été exercée ? A moins que pareille réponse laisse finalement entrevoir que les risques inhérents à ce jeu n’ont bel et bien pas été pensés… Car c’est précisément cela que remet en cause et questionne le frère de la navigatrice décédée : si les risques avaient été pensés plutôt que bêtement filmés peut-être que sa sœur serait encore en vie…

N’ayons ici pas peur des amalgames : oui la télé-réalité est dangereuse pour les candidats qui y participent, que cela soit psychiquement ou physiquement. Quoiqu’il arrive on y perdra des plumes, que cela soit son image, sa réputation ou sa vie, du moins tant que ces risques inhérents à la télé-réalité ne seront pas pensés..

« Dropped » : mortelle télé-réalité ?

Suite au drame survenu ce Lundi 9 Mars 2015 en Argentine, lors du tournage de l’émission de télé-réalité « Dropped », qui aura scellé la mort de dix personnes dans un accident d’hélicoptère, dont les trois icônes sportives françaises, Camille Muffat, Alexis Vastine et Florence Arthaud, les débats concernant les dangers et le respect des règles de sécurité lors des tournages de ce type d’émission se réactivent. Jamais télé-réalité n’aura autant rimé avec jeu dangereux…

Deux ans après le drame qui aura coûté la vie à Gérald Babin, lors du tournage de « Koh Lanta » au Cambodge et qui se sera soldé par le suicide du médecin en charge des candidats de l’émission, Thierry Costa, des doutes concernant le respect des règles de sécurité planent à nouveau sur la société de production Adventure Line Production (ALP), qui était également en charge du jeu de survie « Koh Lanta ». Basées sur un concept similaire, les règles du nouveau jeu d’aventure proposé par TF1, consistaient à lâcher en pleine nature des sportifs de haut niveau, avec un minimum d’équipement et de nourriture, afin de mettre à l’épreuve leur capacité d’adaptation dans des conditions extrêmes.

Ainsi, si l’enquête n’a pour le moment pas encore révélé de failles au niveau du respect de la sécurité des candidats, le danger réside cependant au cœur même du principe animant ce type de jeu de survie. Que le drame soit un accident ou non, la question des dangers intrinsèques à ces émissions reste légitime, quoiqu’en dise la sociologue Nathalie Nadaud-Albertini, toujours prompte à défendre ces types de programmes « de la haine » des téléspectateurs dont ils seraient victimes. Pour cette dernière, la télé-réalité serait donc le bouc émissaire idéal face à la difficulté d’ « accepter l’horreur » d’un tel drame. A l’entendre, on plaindrait presque les pauvres producteurs d’ALP qui gagnent des millions pour risquer la vie d’inconscients candidats qui n’avaient qu’à réfléchir avant ! Quant au spécialiste des médias, François Jost, il invoque de son côté la demande du public qui serait friand de ces émissions mettant en scène l’extrême. Serait-ce une nouvelle façon de dédouaner des producteurs avides de brasser des millions sur le dos d’une audience en manque de sensations fortes ? Pauvres producteurs qui ne font que répondre à la demande des capricieux consommateurs-téléspectateurs que nous sommes !

Bien heureusement, il y a encore quelques journalistes du Monde qui s’interrogent sur le respect des règles de sécurité et les rouages d’ « une tragédie dans l’histoire de la télé-réalité ». Peut-être serait-il également intéressant d’enfin penser ce que ces émissions révèlent de notre société de surconsommation… Car, si besoin il y a de contempler la survie, c’est peut-être qu’elle en devient omniprésente à force de se voir déniée par notre confortable jungle capitaliste… A ce propos, un intéressant documentaire, diffusé cette semaine par Arte, sur les effets thérapeutiques du jeûne, nous rappelle à quel point notre corps et nos gènes, eux, ont une mémoire de cette survie oubliée…