Adventure Line Production

Koh Lanta : le retour !

Ajournée à cause du tragique accident d’hélicoptère sur le tournage de Dropped en Argentine, la diffusion de la saison 13 de Koh Lanta débutera néanmoins le 24 Avril en prime time sur TF1, alors qu’Adventure Line Production (ALP) tourne déjà la prochaine saison. Mais qu’est-ce qui fait le succès de cette télé-réalité d’aventure qui réussit à capter et fasciner les foules malgré un concept toujours identique ? Et que nous réserve ce grand retour de l’émission ? 

Tourné en Malaisie, Koh Lanta Johor signe le retour de participants anonymes, après le décès de Gérald Babin sur la saison tournée en 2013 au Cambodge, dont la diffusion avait par conséquent été annulée. Ainsi, depuis 2013, l’habituelle recette, qui fait en partie le succès de Koh Lanta, avait disparu de nos écrans, bien qu’une édition spéciale avec d’anciens participants s’était cependant vue diffusée en 2014 et avait réussi à obtenir une audience tournant autour d’une moyenne de plus de 6,5 millions de téléspectateurs.

Ainsi, en plein cœur de la tourmente et malgré les drames, ALP et TF1 ne se démontent pas et font renaître des cendres leur précieux Koh Lanta, qui parvient à chaque fois à rafler une grosse part du marché de l’audience. Interviewé dans le TV Mag du site Le Figaro, l’animateur vedette de l’émission, Denis Brogniart, invoque une sécurité sans faille sur ce Koh Lanta 2015 et des accidents qui peuvent arriver sur le tournage de ce type d’émission. Des accidents, qui, à l’entendre, ne devraient pas prêter à polémique. Il en profite également pour faire la promotion de son émission fétiche, dont il semble aussi mordu que les participants qui ne cessent de vouloir réitérer l’expérience ou que les spectateurs, qui, depuis maintenant 14 ans, ne se lassent pas de regarder ce jeu pourtant répétitif. Au programme, l’animateur nous promet cependant quelques changements au niveau des règles et des épreuves : «du jamais vu dans l’histoire de Koh Lanta ». Les portraits des participants ont eux aussi été dévoilés ainsi que les premières images de l’émission. De quoi faire monter le suspens et préparer le spectateur au show à venir !

Car, Koh Lanta, c’est également cela : une promotion et surtout un show menés par des mains de maîtres dans l’art du divertissement. Un spectacle, qui ne fait donc pas que répondre à une pseudo demande des téléspectateurs, mais qui, savamment, sait captiver les regards et créer la demande. Comment, en effet, ne pas être un minimum fasciné par le spectaculaire sujet que propose Koh Lanta : contempler des héros anonymes, auxquels on peut tous s’identifier, dans un contexte où la survie n’est qu’un pâle reflet d’une compétition propre à un fonctionnement social qui nous concerne tous et, qui, à l’instar du principe de l’émission, se répète lui aussi ? A moins que les nouvelles règles promises par le jeu ne témoignent de quelques évolutions ? Attendons de voir et parions en attendant que, malgré le contexte actuel tendu, la fascination opèrera à nouveau sur le public…

« Dropped » : mortelle télé-réalité ?

Suite au drame survenu ce Lundi 9 Mars 2015 en Argentine, lors du tournage de l’émission de télé-réalité « Dropped », qui aura scellé la mort de dix personnes dans un accident d’hélicoptère, dont les trois icônes sportives françaises, Camille Muffat, Alexis Vastine et Florence Arthaud, les débats concernant les dangers et le respect des règles de sécurité lors des tournages de ce type d’émission se réactivent. Jamais télé-réalité n’aura autant rimé avec jeu dangereux…

Deux ans après le drame qui aura coûté la vie à Gérald Babin, lors du tournage de « Koh Lanta » au Cambodge et qui se sera soldé par le suicide du médecin en charge des candidats de l’émission, Thierry Costa, des doutes concernant le respect des règles de sécurité planent à nouveau sur la société de production Adventure Line Production (ALP), qui était également en charge du jeu de survie « Koh Lanta ». Basées sur un concept similaire, les règles du nouveau jeu d’aventure proposé par TF1, consistaient à lâcher en pleine nature des sportifs de haut niveau, avec un minimum d’équipement et de nourriture, afin de mettre à l’épreuve leur capacité d’adaptation dans des conditions extrêmes.

Ainsi, si l’enquête n’a pour le moment pas encore révélé de failles au niveau du respect de la sécurité des candidats, le danger réside cependant au cœur même du principe animant ce type de jeu de survie. Que le drame soit un accident ou non, la question des dangers intrinsèques à ces émissions reste légitime, quoiqu’en dise la sociologue Nathalie Nadaud-Albertini, toujours prompte à défendre ces types de programmes « de la haine » des téléspectateurs dont ils seraient victimes. Pour cette dernière, la télé-réalité serait donc le bouc émissaire idéal face à la difficulté d’ « accepter l’horreur » d’un tel drame. A l’entendre, on plaindrait presque les pauvres producteurs d’ALP qui gagnent des millions pour risquer la vie d’inconscients candidats qui n’avaient qu’à réfléchir avant ! Quant au spécialiste des médias, François Jost, il invoque de son côté la demande du public qui serait friand de ces émissions mettant en scène l’extrême. Serait-ce une nouvelle façon de dédouaner des producteurs avides de brasser des millions sur le dos d’une audience en manque de sensations fortes ? Pauvres producteurs qui ne font que répondre à la demande des capricieux consommateurs-téléspectateurs que nous sommes !

Bien heureusement, il y a encore quelques journalistes du Monde qui s’interrogent sur le respect des règles de sécurité et les rouages d’ « une tragédie dans l’histoire de la télé-réalité ». Peut-être serait-il également intéressant d’enfin penser ce que ces émissions révèlent de notre société de surconsommation… Car, si besoin il y a de contempler la survie, c’est peut-être qu’elle en devient omniprésente à force de se voir déniée par notre confortable jungle capitaliste… A ce propos, un intéressant documentaire, diffusé cette semaine par Arte, sur les effets thérapeutiques du jeûne, nous rappelle à quel point notre corps et nos gènes, eux, ont une mémoire de cette survie oubliée…